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Les Lycéennes nous parlent de la musique !

Par La Rédaction

Aujourd’hui, je ne vous proposerai pas un soliloque ! Je travaille dans l’éducation nationale, je suis donc régulièrement au contact d’élèves âgés de 15 ans à 18 ans que j’encadre chaque semaine. Lorsque je passe la nuit avec eux à l’internat, j’entends chaque soir la musique qu’ils écoutent avec leurs amis. Dubitative face aux goûts musicaux de la nouvelle génération, il m’est arrivé de me demander « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Comment peuvent-ils aimer ce genre de musique ? Où sont les paroles ? » et autres interrogations qui touchent souvent ma génération et les précédentes. J’ai donc eu l’idée de les faire participer, en organisant une interview de 10 questions au cours de laquelle les élèves ont pu éclaircir certaines de mes questions. Les réponses ont été apportées par 4 jeunes femmes de 15 ans en filières générales et professionnelles, que j’encadre durant une heure de travail le soir à l’internat des filles. Je les remercie encore une fois pour leur sérieux et pour la bonne volonté qu’elles ont manifestée afin de fournir des réponses claires et réfléchies. 

 

Quel style de musique écoutez-vous majoritairement ? Et pourquoi ?

Inès : Du rap. Parce que j’aime bien les paroles, et ce que les rappeurs essaient de montrer. J’écoute aussi des anciennes musiques, anglaises par exemple.

Maëlle : Moi je n’écoute que du rap, parce que j’aime quand le texte est bien construit, et quand la voix du chanteur est en accord avec le texte. Si un texte est violent, j’aime bien que la voix soit « grave » pour qu’il y ait un parallèle.

Pourquoi certains types de musique, comme la musique classique par exemple, ne vous intéresse pas ?

Camille : Je trouve qu’il n’y a pas trop d’ambiance dans la musique classique, ça me paraît un peu démodé. Et pour les autres styles de musique qui ne sont pas forcément écoutés par tout le monde, il y en a qui m’intéressent mais ça dépend vraiment des paroles et de la musique.

Marine : Moi ça dépend plus de la mélodie. Si le début de la chanson ne me convient pas je passe directement aux autres. La musique classique, un peu mais pas beaucoup. J’en écoute surtout pour me calmer.

Comment définiriez-vous votre culture musicale ?

Inès : Je la trouve développée parce que je connais beaucoup de styles de musique, même des musiques des années 80 *rire* !

Maëlle : Très mauvaise parce que je n’écoute que du rap.

Qu’auriez-vous à répondre à ceux qui pensent que les nouvelles musiques commerciales ne sont pas intéressantes, parce qu’elles sont toutes construites en studio, sans instruments, parce que les voix sont trafiquées, parce qu’il n’est plus nécessaire de savoir vraiment chanter pour sortir un album etc. ?

Camille : Je trouve qu’ils ont tort de penser comme ça, parce que les gens comparent trop avec les musiques d’avant et jugent plus facilement les nouvelles musiques. Chacun a sa façon de travailler, certains préfèrent composer des musiques avec de vrais instruments, d’autres en studio, ils ont juste une façon de faire différente.

Inès : À mon avis les personnes ne peuvent pas juger parce qu’on a tous des goûts différents. Les avis sont personnels, on ne peut pas dire pour les autres «  c’est nul » ou « c’est bien ».

Écoutez-vous des vieilles musiques ? Ou des grands classiques (Piaf, Brel, les années 80 etc.)

Inès : Oui, j’aime beaucoup « Partenaire particulier », ou même du Claude François *rire*, surtout les années 80 en fait.

Marine : Oui, je les aime autant que les musiques de maintenant. J’arrive à m’amuser, à danser dessus, même si elles sont vieilles.

(Écoute de « La Bohème » d’Aznavour avec le texte en support) Que pensez-vous de ce genre de chanson, son texte, sa musique etc. ?

Camille : Je trouve que le texte est bien travaillé, c’est une histoire qu’il aurait pu vivre dans sa jeunesse, assez triste mais très réaliste. La voix me détend.

Maëlle : Je suis d’accord avec Camille pour le texte mais ce n’est pas trop mon style de musique, je n’arrive pas à me projeter dedans, à visualiser l’histoire que le chanteur nous raconte, et sa voix m’endort un peu.

Marine : J’aime bien la musique, c’est calme, c’est apaisant. La voix s’accorde vraiment bien avec la musique.

Inès : Je l’ai trouvée très touchante. Il parle d’une femme, d’un couple qui a vécu la pauvreté, c’est une histoire qui « sent le vécu ». La voix du chanteur me rend nostalgique.

Pensez-vous que les musiques actuelles pourront durer aussi longtemps que les musiques d’avant (citées précédemment) que beaucoup de personnes écoutent encore ?

Marine : Je ne pense pas. Les musiques de maintenant, on ne les écoutera plus dans 50 ans contrairement à Piaf que certains écoutent encore. Ce ne sont pas des musiques qu’on retient. On les aime bien sur le moment, mais ça ne marque pas.

Camille : Je ne pense non plus. Avant c’était des textes plus travaillés, et des vraies histoires, alors que maintenant elles sont inventées, elles ne sont plus aussi vivantes et aussi réalistes.

Vous arrive-t-il parfois d’écouter des musiques engagées, dont le texte sert à dénoncer quelque chose ? Comme Res Turner pour l’abattage des animaux, Francis Cabrel pour la Corrida, Femme grillagée pour les femmes voilées par Pierre Perret etc. ? Si non, pourquoi ?

Camille : Ça m’arrive, mais généralement quand je suis triste. Je n’en connais pas beaucoup, c’est surtout à l’école qu’on en écoute et qu’on travaille dessus.

Marine : Oui parce que c’est le genre de musiques qui me touche vraiment. Elles sont tristes la plupart du temps et j’arrive bien à me plonger dedans, c’est tout à fait ce que je retiens.

Le rap que vous écoutez aujourd’hui a souvent des paroles peu glorieuses pour l’image des femmes, comment vous, jeunes femmes de 15 ans, prenez-vous ça ? Cela vous touche-t-il ? Si oui ou non, pourquoi ?

Inès : Je ne trouve pas ça correct car ils ne se permettraient pas de parler comme ça d’une personne de leur famille. En tant que jeune femme, je le prends mal, je n’écoute pas ce genre de musiques si elles dégradent l’image de la femme.

Camille : Comme Inès. On ne fait pas trop attention aux paroles mais certaines sont vraiment méchantes. On peut être touchées par la violence d’un texte. Des musiques comme «  Sale p*** » d’Orelsan, je ne les écoute pas.

Maëlle : Je trouve qu’on n’est pas forcément très concernées par ça. Les rappeurs ont vécu des choses et ne parlent pas de nous directement, on ne s’assimile pas forcément aux femmes dont parlent les rappeurs. Pour l’instant, on n’a pas autant de vécu, on est jeunes, ça ne nous concerne pas vraiment.

Inès : Mais plus tard tu seras concernée, tu deviendras une femme, donc ça te touchera…

Maëlle : Je ne sais pas.

Pour finir, si je vous demandais de me dire quelle est votre chanson préférée, celle que vous pouvez écouter en boucle sans vous lasser ?

Inès : « I’m a mess » de Bebe Rexha.

Camille : « J’t’emmène au vent » de Louise Attaque.

Marine : Je n’en ai pas en particulier, j’en aime tellement.

Maëlle : « PNL » d’Uranus.

 

Ce que je retiens de cette expérience c’est que j’ai parfois été étonnée par la maturité de certaines réponses et par les réactions majoritairement positives à l’écoute de la chanson « La Bohème ». Je pensais que le texte n’avait plus aucune importance pour les nouvelles générations et s’il est peut être moins mis en avant dans leurs critères de sélection, il reflète tout de même une dimension émotionnelle pour certains jeunes auditeurs. J’espère en tout cas que l’expérience s’est révélée aussi intéressante pour les 4 jeunes femmes interviewées qu’elle ne l’a été pour moi. À la semaine prochaine pour un nouveau soliloque

 

Zolena Val

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