9 ans jour pour jour que Jean Ferrat nous a quittés. Retour sur la carrière de cet immense auteur-compositeur-interprète français.
Auteur de chansons à texte, Jean Ferrat a alterné, durant sa carrière, chansons sentimentales, chansons poétiques et chansons engagées. Reconnu pour son talent de mélodiste, il a mis en musique et popularisé nombre de poèmes de Louis Aragon avec l’approbation de celui-ci.
Fidèle, sa vie durant, à ses idéaux communistes, il n’en a pas moins conservé sa liberté vis-à-vis du Parti communiste français, dont il a toujours dit n’être pas membre, n’hésitant pas à s’en démarquer sur différents sujets.
Bien que peu présent dans les médias et malgré son retrait de la scène à 42 ans, cet ardent défenseur de la chanson française a connu un grand succès critique et populaire. Apprécié d’un large public, Jean Ferrat est considéré, à l’instar de Léo Ferré, Georges Brassens et Jacques Brel, comme l’un des grands de la chanson française.
C’est en 1963 que sa carrière décolle, lorsqu’il rejoint le label créé par Eddie Barclay.
La même année, faisant référence à la directive « Nuit et brouillard », il chante « Nuit et brouillard », en mémoire aux déportés victimes des camps de concentration nazis de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier en mémoire de son père, juif émigré de Russie mort à Auschwitz, qui lui vaut un grand succès auprès du public, malgré une censure non avouée des autorités qui « déconseillent » son passage sur les ondes, et pour laquelle il reçoit le grand prix du disque de l’Académie Charles-Cros. C’est à la même époque qu’il compose la musique de « C’est beau la vie », chanson que Michelle Senlis a écrite pour Isabelle Aubret après son accident de voiture.
En 1964, il confirme son succès naissant auprès du public avec « La Montagne » qui demeure l’un de ses plus grands succès. Avec ce texte, il chante –sans la nommer– l’Ardèche, région chère à son cœur, et fait de cet hommage à la France paysanne un classique de la chanson française. En 1973, il s’installe définitivement à Antraigues-sur-Volane, où il possède une maison depuis 1964, et qu’il ne quittera plus, y devenant même, en 1977, conseiller municipal et adjoint au maire durant deux mandats.
En 1967, un séjour de 2 mois et demi à Cuba, où il chante une dizaine de fois et laisse pousser ses célèbres moustaches, le marque artistiquement, politiquement et humainement, lui inspirant l’album « À Santiago ».
Arrivent Mai 68 et ses « événements » : il participe à des soirées organisées pour les grévistes à Bobino. Quelques mois plus tôt, il critique avec véhémence la génération à venir du 22-Mars dans la chanson « Pauvres petits c… ».
En 1969, Jean Ferrat chante « Ma France », chanson phare de l’album homonyme, sur lequel il grave avec Christine Sèvres, l’unique duo enregistré de sa carrière, « La Matinée » (paroles d’Henri Gougaud, musique de Jean Ferrat).
Il fait un passage remarqué en 1972 comme invité principal du Grand Échiquier de Jacques Chancel (il ne réapparaîtra à la télévision que trois ans plus tard, le 14 novembre 1975, dans une émission spéciale toujours animée par Jacques Chancel, intitulée « Jean Ferrat pour un soir »).
En 1972, il fait, au Palais des Sports de Paris, ses adieux à la scène, qu’il juge devenue trop complexe techniquement et « trop dure physiquement ».
Jean Ferrat est décédé le 13 mars 2010 à l’âge de 79 ans…
