Un groupe musical Ukrainien, composé de sept femmes. C’est probablement l’une des découvertes musicales les plus étranges que j’ai pu faire. Sept femmes, arborant un maquillage qui semble hésiter entre celui d’une geisha, ou d’un mime. On peut dire en tout cas que leur apparence nous informe dès les premières secondes que nous n’allons pas assister à une simple démonstration vocale.
La musique commence avec une mesure donnée par un xylophone, suivi d’un unisson grave et oppressant. C’est presque un cri qui démarre la rythmique. Tout de suite, la contrebasse et le violoncelle installent un climat quasi-inquiétant. Ce qu’on peut dire du jeu global de tous les instruments c’est qu’il est à la fois simple et complexe. Que ce soit par la façon dont ils sont joués, jetez un œil sur la manière dont la violoniste tient son violon, ou par la musique presque atonale que la mélodie et le chant associés nous renvoient.
Plus que de simples chanteuses, ce sont plutôt des artistes, car tout au long de la musique, nous ne savons pas s’il s’agit d’une chanson, d’une représentation contemporaine ou d’une mise en scène théâtrale orchestrée en musique. Le groupe est d’ailleurs défini sur internet comme un groupe théâtral et musical et d’ailleurs, elles ne chantent pas vraiment. Est ce qu’elles crient ? Est-ce qu’elles rappent ? Est ce qu’elles prient ? Difficile à dire pour ceux qui ne parlent pas la langue. Notons que les paroles reprennent le sonnet 35 de W. Shakespeare. Petite anecdote surprenante qui vient corroborer l’impression de musique décalée et surréaliste. Le rythme crescendo est cependant entraînant et même s’il paraît un peu brutal, pourrait nous pousser à sauter avec elles à la fin de la chanson.
À ma première écoute, je me suis demandée « Qu’est-ce que c’est que ça ? », puis j’ai revu les Dakh Daughters, lors d’un festival communiste organisé chaque été dans ma région et qui offre parfois d’étranges découvertes musicales. À nouveau, ce sentiment de malaise et d’incompréhension indescriptible qui, si j’en crois les visages dubitatifs autour de moi, était partagé par la majorité des spectateurs. Néanmoins, cela reste une découverte impressionnante.
Faut-il aimer quelque-chose pour pouvoir dire que c’est intéressant ? Est-il seulement possible d’aimer ou de ne pas aimer cette chanson alors qu’après plusieurs écoutes et analyses, on ne parvient toujours pas à définir précisément les émotions qu’elle provoque ?
En conclusion, un groupe assurément étrange mais qui mérite qu’on s’y attarde !
